Yersinia enterocolitica est un bacille à Gram négatif non capsulé, possédant les caractères généraux de la famille des Enterobacteriaceae et du genre Yersinia.
Ne pas confondre avec Yersinia pestis agent de la Peste ( peste noire, peste bubonique, fièvre pestillentielle, bacille de Yersin)
Epidémilogie – Contamination
Les souches de Yersinia enterocolitica sont présentes dans l’environnement, notamment dans les eaux de surface, dans les aliments d’origine végétale et animale et dans le tube digestif de diverses espèces animales (porcs, bovins, ovins, caprins, chiens, chats, renards, porcs-épics, chinchillas, lagomorphes, rongeurs, volailles…). La distribution géographique est très étendue et des souches de Yersinia enterocolitica ont été isolées dans tous les pays où elles ont été recherchées.
Pouvoir pathogène chez l’homme
À l’exception des régions intertropicales où l’incidence semble faible, les infections à Yersinia enterocolitica ont une répartition mondiale et leur incidence est nettement plus importantes durant les mois froids.
La voie de contamination est orale mais la source de contamination est plus difficile à apprécier. L’ingestion de lait, de tofu, d’eau ou de légumes crus a été incriminée mais c’est la viande de porc qui représente la principale source de contamination notamment pour les sérovars O:3 et O:9.
Yersinia enterocolitica est capable de se multiplier à des basses températures et donc dans des aliments conservés par réfrigération. La contamination d’une denrée alimentaire telle que la viande de porc est capable de provoquer, par manipulation, la contamination d’aliments destinés à être consommés crus. De même, la consommation de viande de porc crue ou insuffisamment cuite est susceptible de provoquer une infection.
Les infections humaines sont généralement sporadiques mais des épidémies (dues au sérovar O:8 mais aussi aux sérovars O:3, O:13a,13b et O:1,2,3) ont été observées
SEMIOLOGIE
Chez l’homme, Yersinia enterocolitica est principalement responsable de gastro-entérites fébriles : fièvre souvent modérée mais pouvant parfois dépasser 39 °C ; entérocolite et illéite terminale accompagnées de diarrhées aqueuses ou sanguinolentes et de vomissements (plus fréquentes lors d’infections par les sérovars O:3, O:9 et O:5,27) ; douleurs abdominales, dues à une adénite mésentérique, souvent modérées mais pouvant donner un syndrome pseudo-appendiculaire comparable à celui observé avec Yersinia pseudotuberculosis (le sérovar le plus fréquemment en cause est le sérovar O:.
Chez l’adulte, une guérison spontanée est observée après une à deux semaines alors que chez l’enfant les signes cliniques peuvent persister plus de quatre semaines. Des complications telles que des ulcérations intestinales, des péritonites, des perforations intestinales, des gangrènes de l’intestin grêle sont rares.
Quelques cas d’arthrites, de pharyngites, de polymyosites et d’infections cutanées ont également été décrits.
Les formes généralisées et septicémiques surviennent sur des terrains particuliers : immunodéficience, cirrhose, hémochromatose, diabète, insuffisance rénale au stade d’hémodialyse et dans toutes les situations où il existe une surcharge en fer (thalassémie, drépanocytose, anémie aplasique, traitement à base de fer…).
Des manifestations secondaires, survenant quelques semaines après l’épisode initial, sont observées principalement chez des malades porteurs de l’antigène HLA-B27. Elles consistent en une myocardite, une glomérulonéphrite, une thyroïdite, un érythème noueux et des polyarthrites (arthrites réactionnelles stériles). La pathogénie de ces complications s’explique, au moins partiellement, par l’existence de communautés antigéniques entre Yersinia enterocolitica et des antigènes tissulaires. Les manifestations secondaires peuvent évoluer durant plusieurs années mais leur pronostic est favorable.
NB Des bactéries psychrotrophes (capables de proliférer à basse température) comme Yersinia et Listeria semblent contribuer à la maladie de CROHN
TRAITEMENT
Sensibilité aux antibiotiques (Source r)
Les souches de Yersinia enterocolitica peuvent produire des bêta-lactamases chromosomiques et, notamment, une pénicillinase constitutive (bêta-lactamase A) et une céphalosporinase inductible (bêta-lactamase B). De ce fait, les souches de Yersinia enterocolitica sont pratiquement toujours résistantes à la céfalotine, à l’ampicilline, à la ticarcilline et à la pipéracilline. En revanche, elles sont généralement sensibles aux céphalosporines de troisième génération, à l’imipénème, à l’aztréonam, au latamoxef, à la gentamicine, à la streptomycine, au chloramphénicol, à la ciprofloxacine et aux tétracyclines. L’association sulfaméthoxazole – triméthoprime est active in vitro mais a peu d’efficacité in vivo.